S’engager dans l’économie circulaire en recyclant la laine de verre usagée

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Marc l'artisan

1 août 2023

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Rencontre avec Romain Gil, chargé d’affaire revalorisation déchets Isover.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de votre filière de recyclage de laine de verre ?

Le recyclage a démarré il y a une vingtaine d’années sur le site d’Orange (84) avec la mise en place d’un four spécifique qui permettait de recycler les rebuts de production. Isover a créé un procédé industriel unique au monde. En 2018, le four ayant une surcapacité, nous l’avons ouvert à la récupération des déchets de laine de verre issus de la construction et de la déconstruction. C’est ainsi qu’est né Isover Recycling.

Quel est le principe de fabrication ?

La laine de verre est refondue en vue d’obtenir un calcin qui est réintégré dans le process de fabrication et contribue ainsi à fabriquer de la nouvelle laine de verre. Le recyclage est complètement vertueux, la laine de verre étant recyclable à 100 % et à l’infini.

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Transformation de laine de verre en calcin qui permet la production de laine de verre recyclée. Crédit photo : Isover

Quelle méthodologie a été mise en place pour récupérer, trier et compacter la laine de verre usagée ?

Nous travaillons en partenariat avec des professionnels du recyclage – collecteurs, syndicats. Lors d’une rénovation/déconstruction, le maitre d’ouvrage demande à l’artisan ou à l’entreprise qui réalise les travaux d’organiser la gestion des déchets. L’artisan dépose et trie la laine de verre puis l’emmène chez le collecteur. Ce dernier contrôle le tri, comprime la laine de verre dans une balle, filme et transporte les balles jusqu’à l’un des trois sites d’Isover (Orange, Chalon sur Saône et Chemillé).

Comment trouver des points de collecte à proximité d’un chantier ?

Depuis le 2 mai 2023, date de lancement de la REP PMBC (responsabilité élargie du producteur concernant tous les produits et matériaux de la construction et du bâtiment), les quatre éco organismes du secteur BTP (Ecomaison, Ecominero, Valdelia et Valobat) ont centralisé les coordonnées de leurs sites de reprise via une carte interactive disponible sur le site de l’Ocab (Organisme coordinateur agréé bâtiment). Enrichie régulièrement, cette carte donne accès à des informations utiles comme le flux de déchets acceptés, le type de population concerné (particulier, professionnel), les horaires d’ouverture…

D’ici fin 2025, cette cartographie devrait couvrir 100% du territoire, soit un point de collecte tous les 10 km en milieu urbain et tous les 20 km en milieu rural.

Collecte, tri et transformation de laine de verre usagée dans des centres de collecte de déchets de chantier. Crédit photo : Isover

Comment faire si le chantier est plus significatif ?

Il faut alors se rapprocher de son collecteur de déchet (entreprise qui massifie les déchets NDLR) qui met à disposition des contenants. Un quantitatif à la louche est fait pour déterminer le type de contenant dont l’entreprise a besoin. Bien définir la dimension des contenants apporte de la souplesse d’un point de vue logistique.

Pour un artisan, le tri n’est-il pas trop contraignant ?

Non, c’est juste un réflexe à adopter ; d’ailleurs les artisans et les TPE (moins de 10 salariés) sont particulièrement investis.

Nous avons des chargés d’affaire qui accompagnent les chantiers à mieux gérer le tri de leurs déchets, en apprenant par exemple à faire la différence entre la laine de verre et la laine de roche. Ou en les aidant dans l’organisation de la collecte (bennes sur chantier, bennes de passage, fréquence d’enlèvements etc.).

Outre la démarche globale respectueuse de l’environnement, quel est l’intérêt du tri sur chantier ?

Le fait d’amener de la laine de verre dans un point de collecte qui travaille avec une filière de recyclage exempte l’artisan de la TGAP (Taxe Généralisée aux Activités Polluantes) qui est facturée si le déchet part à l’enfouissement. Cela représente une économie de l’ordre d’une cinquantaine d’euros par tonne de laine de verre.

Par ailleurs, être un acteur engagé dans l’économie circulaire est un vrai plus lors des appels d’offres car les collectivités et maitrises d’ouvrage souhaitent de plus en plus travailler avec des entreprises responsables.

De quelle manière sensibilisez-vous les professionnels du bâtiment ?

Nous menons de multiples actions de communication auprès des artisans, architectes, constructeurs… Nous avons également édité un livret pour accompagner les professionnels.

L’entrée en vigueur, le 2 mai dernier, de la REP PNCB induisant la reprise sans frais des déchets séparés sur chantier va nous faciliter la tâche. De plus, dès l’an prochain, les éco organismes participeront à hauteur de 50% sur les frais logistiques ; d’ici fin 2026, ces frais seront quasi gratuits pour les professionnels.

Finalement, l’entrée en vigueur de la REP Bâtiment est une aubaine pour Isover Recycling ?

Tout à fait. Et puis la reprise sans frais va engendrer des déchets de meilleure qualité et en plus grande quantité. Isover travaille en boucle fermée, donc si on veut avoir une qualité de matière optimale équivalent à un produit de carrière, il faut un déchet trié à la source.

Pour les industriels qui ont des filières de recyclage, la REP a tout son intérêt s’ils veulent s’engager dans l’économie circulaire et réduire les prélèvements dans l’environnement naturel.

Quelles sont les ambitions d’Isover Recycling en termes de production ?

Nous recyclons aujourd’hui 5 000 tonnes par an de déchets de chantier et de rebuts de production. A horizon 2030, nous visons les 20 à 25 000 tonnes. Nous finalisons d’ailleurs l’installation d’un second four, encore plus moderne sur le site de Chemillé, qui nous permettra de capter les chantiers en Ile de France et sur la façade Atlantique.

Avez-vous d’autres projets en cours ?

Isover est leader mais souhaite encore monter en puissance.

Le département R&D travaille sur des technologies complémentaires qui pourront permettre de capter davantage de déchets. Avec toujours dans l’idée d’avoir des matières premières les plus décarbonées possibles.