Les femmes des artisans-entrepreneurs : leurs missions au quotidien
Partenaires de vie, partenaires d’entreprise, les femmes des artisans restent souvent dans l’ombre. Souvent préoccupées par le désir d’aider leur conjoint à développer leur projet, elles s’investissent pleinement dans l’entreprise sans compter. Parfois même, au détriment de leur propre carrière professionnelle et du statut qui en découle. Mais alors quelles sont leurs missions au quotidien ? Comment faire pour protéger et valoriser au mieux leur condition ? Batappli vous dévoile les coulisses de vie de ces artisanes de cœur et explore des pistes pour une meilleure reconnaissance de leurs rôles !
Un rôle multi casquettes
Les femmes des artisans-entrepreneurs endossent au quotidien une multitude de responsabilités, complémentaires aux tâches opérationnelles assumées par leur compagnon. Leur implication peut varier, d’une gestion quotidienne d’un volet complet de l’entreprise à un soutien ponctuel, en surcroît de leur propre activité.
Gestion administrative et financière
En règle générale, la plupart des femmes d’artisans-entrepreneurs prennent en charge la comptabilité, la facturation, et deviennent l’interlocutrice privilégiée des fournisseurs et des banques. Leur intervention est dès lors essentielle à la pérennité et à la santé financière de l’entreprise.
Support commercial et marketing
Sur le plan commercial et marketing, elles incarnent souvent le premier point de contact avec la clientèle. Leur capacité à créer et entretenir des relations solides avec les clients contribue significativement à leur fidélisation.
De plus, elles prennent fréquemment en charge la gestion des réseaux sociaux et le développement de la visibilité en ligne de l’entreprise, ce qui tend à servir sa réputation et à favoriser l’acquisition de nouveaux clients.
Logistique et organisation générale
Enfin, la logistique et l’organisation générale de l’entreprise reposent souvent sur elles. De la planification des chantiers à la gestion des stocks, en passant par les approvisionnements, leur rôle est véritablement central. Cette prise en charge permet à leur compagnon de se concentrer pleinement sur l’exécution de ses chantiers en s’enlevant une charge mentale conséquente.
Il est indéniable que cette polyvalence érige ces femmes en actrices incontournables du succès de l’entreprise.
Bien choisir son statut
La loi du 2 août 2005 a rendu obligatoire le choix d’un statut pour toutes les femmes d’artisans-entrepreneurs. En effet, sans statut officiel, la conjointe ne bénéficie pas de couverture sociale, d’assurance chômage, de congé maternité, de congés payés, ni de droits à la retraite. La chambre criminelle de la Cour de cassation a même considéré, dans un arrêt du 22 octobre 2002 (Cass. crim., n° 02-81.859), que le conjoint sans statut était considéré comme un travailleur dissimulé.
La décision législative qui s’en est suivie vise donc à protéger ces actrices de l’ombre en leur accordant un statut officiel, avec trois objectifs principaux :
- assurer la continuité de l’entreprise en cas de décès ou d’invalidité de l’artisan et éviter les problèmes opérationnels pouvant en découler (paiement des salariés, etc.) ;
- acquérir des droits sociaux, professionnels et juridiques ;
- offrir une protection contre les aléas de la vie, notamment en cas de divorce.
Le conjoint associé
Le conjoint, marié ou pacsé à l’exploitant, doit, pour être éligible à ce statut, posséder des parts sociales dans la société et exercer une activité professionnelle régulière dans la société de son conjoint sans être rémunéré pour ces fonctions.
Ce statut confère au conjoint le statut de travailleur indépendant, lui offrant ainsi les mêmes droits et obligations que le chef d’entreprise. Notez qu’il ne donne cependant pas droit à l’allocation chômage.
Le conjoint collaborateur
Le conjoint collaborateur, quant à lui, n’est pas un associé de l’entreprise. En règle générale, il reçoit un mandat pour accomplir des actes de gestion courante au nom de son conjoint artisan et pour son compte. Il s’agit des actes accomplis et des décisions prises pour les besoins quotidiens de l’entreprise, tels que la signature de contrats, la souscription d’un emprunt bancaire, les commandes, la location de locaux, etc.
À l’instar du conjoint associé, il ne doit pas non plus être rémunéré pour l’exercice de ses fonctions. Ce statut lui permet d’être affilié au régime général de la Sécurité sociale, garantissant une protection sociale complète (maladie, accident du travail, maternité, retraite, formation professionnelle).
Le conjoint salarié
Ce statut est le seul envisageable si le conjoint perçoit une rémunération pour l’exercice de ses fonctions, étant précisé qu’il existe un seuil de rémunération minimal requis. Dans ce cas, le conjoint doit être titulaire d’un contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI).
Toutefois, le conjoint salarié n’intervient généralement pas dans la gestion quotidienne de l’entreprise et se trouve dans un lien de subordination avec l’artisan. Ce statut permet une affiliation au régime général de la Sécurité sociale en tant que salarié, offrant ainsi une protection sociale complète incluant maladie, accident du travail, maternité, retraite, et formation professionnelle. En outre, il permet de bénéficier des allocations chômage.
Se faire accompagner : les initiatives existantes
Les compagnes d’artisans peuvent parfois se sentir seules dans leur rôle central. Plusieurs initiatives ont été créées pour rompre leur isolement et les soutenir.
La commission nationale des femmes de l’artisanat
Rattachée à la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), cette commission rassemble les conjointes d’artisans et les femmes cheffes d’entreprise afin de leur proposer un lieu d’échange et de rencontre. Cet espace privilégié leur permet de se former, s’informer, et de partager leurs expériences.
Le prix national Madame Artisanat
Soutenu par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA), ce concours met en lumière et récompense trois femmes dans trois catégories distinctes : Madame Artisanat, Madame Apprentie et Madame Engagée. Cette reconnaissance publique contribue à valoriser le travail et l’engagement des femmes dans ce secteur.
Les réseaux professionnels
Au-delà de ces initiatives spécifiques, l’intégration dans un réseau professionnel féminin peut également être une piste d’élargissement du cercle professionnel. Ces réseaux permettent de créer du lien et de retrouver ses membres périodiquement lors d’événements thématiques, de formations, ou de déjeuners de réseautage pouvant s’avérer bénéfique pour les femmes d’artisans.