Le savoir-faire dans les règles de l’art.
Avant de créer Art Toitures et Traditions, quel a été votre parcours?
Karim Cheaibi : Après avoir suivi une formation chez les compagnons et obtenu mon brevet de couvreur zingueur à l’âge de 18 ans, je suis allé travailler à Strasbourg chez Burgmann, entreprise familiale renommée, puis je suis parti en Allemagne. De retour en France, après une association dans une petite entreprise, j’ai créé en mars 2004 ma propre structure : Art Toitures et Traditions.
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Mon père était couvreur, je n’étais pas franchement doué pour les études, et on parlait déjà pas mal de robotisation. Comme j’aimais bien l’idée de travailler à l’air libre, en hauteur, avec des travaux toujours différents, j’ai pensé que le secteur de la toiture nécessiterait toujours de la main d’œuvre, aussi je me suis lancé.
Quelles sont les prestations proposées par votre entreprise et pour quelle clientèle ?
Nous faisons tous types de travaux sauf le neuf: démoussage, rénovation de toiture, zinguerie, isolation, couvertures en ardoise, zinc ou tuiles, étanchéité goudronnée, dépoussiérage.
Depuis une dizaine d’années, nous nous sommes lancés dans le désamiantage, sur un rayon géographique de 200 à 300 kms autour de Holtzheim. L’entreprise a beaucoup investi en matériel (achats de sas de décontamination, échelles spécifiques, aspirateurs) pour développer cette activité qui marche bien et représente aujourd’hui le tiers du chiffre d’affaires. Nous proposons d’ailleurs nos prestations à des confrères.
Art Toitures et Traditions emploie 25 salariés. Dans le contexte actuel, rencontrez-vous des problèmes de recrutement ?
Nous avons une politique volontariste de formation des jeunes avec l’objectif qu’ils restent chez nous. Nous proposons un intéressement dans la répartition des gains pour éviter le turn-over. Mais la crise sanitaire a généré un changement des mentalités. En ce moment j’ai trois apprentis qui ont eu leurs examens mais je ne suis pas certain qu’ils resteront car je ne pourrai pas m’aligner sur des salaires plus élevés proposés par la concurrence.
Quelles sont les évolutions de votre métier ?
Le matériel. Lorsque j’ai démarré le métier, j’avais une perceuse à main pour casser les tuiles, aujourd’hui il y a des découpeuses meuleuses à batterie, des cloueurs à gaz électrique… cela permet d’exécuter plus facilement les tâches tout en augmentant le rendement. Ce qui n’empêche pas mon entreprise d’être très attachée au travail traditionnel comme la pose d’ardoise à l’ancienne. Ou le zinc. Autrefois, on le posait sous forme de couverture à tasseaux (bac avec linteaux et capot) alors que maintenant, la profileuse à joint debout favorise la dilatation et offre une meilleure accroche.
Comment vous positionnez-vous en matière de rénovation énergétique ?
La perte d’énergie par un toit peut être de l’ordre de 30% ! Mousse polyuréthane, ouate de cellulose…nous utilisons des gammes de produits qui améliorent considérablement l’isolation d’un bâtiment. Et son étanchéité. Nous utilisons par exemple les solutions Derbigum (marque Belge) issues de l’économie circulaire, qui protègent et réduisent l’empreinte carbone. Nous sommes bien sûr qualifiés RGE ce qui permet de faire bénéficier nos clients de crédits d’impôts et avantages fiscaux.
La pénurie de matériaux vous impacte-t-elle ?
Sur certains produits comme la tuile, nous avons des délais de l’ordre de 5 à 6 mois ; mais grâce à des chantiers prévus de longue date, nous avons pu anticiper en commandant en avance. Cette gestion est possible car nous avons la chance de pouvoir stocker : depuis trois mois, nous sommes dans de nouveaux locaux avec un atelier de stockage de 1 300m2. Du coup on ne s’en sort pas si mal ! En revanche, en ce qui concerne les augmentations de prix, on ne peut les faire supporter à un client qui a signé un devis trois mois auparavant. Nous avons donc dû diminuer nos marges.
En terme de gestion, vous utilisez le logiciel Batappli. Quel usage en faites-vous au quotidien ?
Nous l’utilisons régulièrement pour les devis, les suivis de facturation mais aussi pour vérifier l’avancement des chantiers, faire les relances clients. L’application est très pratique car elle nous permet de créer des ouvrages qui sont ensuite réutilisables.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je suis d’une nature positive mais prudente. Aujourd’hui, je travaille différemment, avec plus d’anticipation. J’essaie de mutualiser les achats, je viens d’acheter mon premier véhicule hybride…J’aimerais que mon entreprise se spécialise encore. En ce moment, il y a une demande accrue de la part des particuliers sur les panneaux solaires, donc mes collaborateurs suivent une formation. Malgré le contexte, le chiffre d’affaire de l’entreprise est constant (entre 2 et 2,6 M€ NDLR) ; je suis fier du chemin parcouru et de pouvoir compter sur une équipe très compétente.
Crédit photo : Art Toitures et Traditions ATT - https://www.att67.fr/