Nos chaleureux conseils face au froid sur les chantiers !
Travailler dans le froid
Il est toujours possible de travailler dans le froid. Voyez les professionnels du stockage de produits congelés : ils sont à pied d’œuvre tout au long de l’année... Cependant, lorsque la température ambiante est inférieure à 5° C, la vigilance s’impose. La prévention la plus efficace consiste à éviter ou à limiter le temps de travail au froid rappelle l’INRS (institut national de recherche et de sécurité). En extérieur, l’organisme rappelle que l’intensité du froid est accentuée par le vent et l’humidité. Il s’agit des fameuses températures ressenties : par exemple un vent de 45 km/h transforme une température réelle de -5°C en un refroidissement corporel équivalent à une température de -15°C sans vent. Cette méthode est depuis longtemps officielle aux États-Unis et au Canada et tend désormais à être utilisée en France.
Dans ces conditions, les solutions sont connues : privilégier le travail sous abris, porter des vêtements chauds en multipliant les couches plutôt qu’un seul vêtement épais et protéger les extrémités du corps par des gants, bottes fourrées et bonnet en laine. Il faut aussi préférer le col roulé ou l’écharpe tube à l’écharpe qui peut être happé par un équipement… Reste que ces équipements de protection individuelle contre le froid peuvent réduire la mobilité, altérer la dextérité manuelle et augmenter la dépense énergétique nécessaire à une tâche. Autant d’éléments qui, au final, ne font que déplacer l’inconfort du salarié. À son propos, il faut boire régulièrement des boissons chaudes du type thé ou chocolat chaud. Attention le petit coup de gnole est dangereux ! En plus de déshydrater et faire baisser la vigilance, il donne une fausse impression de chaleur qui peut inviter à se déshabiller alors que les effets du froid restent bien présents !
Protéger la santé physique et mentale des travailleurs
Comme pour les températures extrêmement hautes, aucune indication de température minimale n’est donnée dans le Code du travail. Mais certaines dispositions répondent au souci d’assurer des conditions de travail adaptées et de prévenir les risques liés au froid. Cependant il faut rappeler que selon l’article L. 4121-1 du Code du travail, l’employeur (comme le maître d’ouvrage) doit mettre en œuvre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs, en application des principes généraux de prévention du Code du travail. Ces mesures doivent être inscrites dans le document unique des risques liés aux ambiances thermiques (froid, chaud, vent, etc.) ; charge ensuite au coordonnateur de la sécurité et de la protection de la santé (CSPS) de s’assurer du respect de ces obligations.
Par exemple, l’employeur doit aménager les situations de travail à l’extérieur de manière à assurer, dans la mesure du possible, la protection des travailleurs contre les conditions atmosphériques (article R. 4225-1 du Code du travail) avec une vigilance toute particulière vis à vis des apprentis et jeunes travailleurs de moins de 18 ans (article D. 4153-36 du Code du travail). Dans sa planification des tâches et l’organisation générale du travail, il semble aussi utile de rappeler que certains matériaux s’accommodent mal du froid et qu’il est préférable de décaler une tâche plutôt que de livrer à temps un chantier qu’il faudra reprendre... Autre notion parfois méconnue : l’employeur doit veiller à ce que les locaux fermés affectés au travail soient chauffés et maintenus à une température convenable (article R. 4223-13 du Code du travail). Attention dans ce cas à veiller à ce que l’équipement de chauffage fonctionne convenablement (et éviter les risque d’intoxication au monoxyde de carbone !) et que le local soit de temps en temps ventilé pour éviter les autres problèmes de l’hiver comme la grippe ! Dans ses conseils face au froid, l’OPPBTP rappelle ainsi un autre point intéressant : tout effort amène à inspirer de manière rigoureuse. Dans le froid, où l’effort est plus important que d’habitude, l’on amène ainsi à l’intérieur de l’organisme un air froid qui favorise les spasmes bronchiques…
Le chomage intempérie
Dans ce type de situation, le salarié évoque parfois son droit de retrait. C’est souvent un tort car celui-ci s’applique strictement à une situation de danger grave et imminent (articles L. 4131-1 à L. 4131-4 du Code du travail). Si l’employeur a pris les mesures ad hoc, cette appréciation de danger risque de ne pas être ici acceptée. Cependant, lorsque les conditions atmosphériques «rendent effectivement l’accomplissement du travail dangereux ou impossible eu égard soit à la santé ou à la sécurité des travailleurs, soit à la nature ou à la technique du travail à accomplir » l'entrepreneur peut décider d'arrêter le travail pour intempéries (article L. 5424-9 du code du travail). Dans ce cas, l’arrêt de l'activité est décidé par l'entreprise après consultation du représentant des salariés et ouvre ainsi le droit au chômage dit «intempérie» pour les salariés.
L'environnement de travail
Enfin, en matière de froid, il faut prendre en compte l’environnement de travail et les risques encourus par les riverains du chantier. Travailler dans une tranchée à proximité d’une route susceptible d’être glissante n’est pas forcément une bonne idée. Même si une voiture qui dérape n’est pas la première pensée qui viendrait en tête, il faut se souvenir de la responsabilité du chantier vis à vis par exemple de piétons qui glisseraient sur une plaque de gel causée par les travaux, chuteraient en raison d’un panneau invisible en raison de la neige voire tomberaient dans la tranchée faute de l’avoir vue !
Plus d'information :
Fiche du ministère du Travail et de l’emploi concernant le froid :
Emploi.gouv.fr/sante-au-travail-prevention-des-risques
Télécharger le dossier complet de l’INRS « Ambiances thermiques : travailler au froid »
Inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapiernrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier
Plaquette d’information face au grand froid du Ministère de la Santé
Social-sante.gouv.fr/plaquette-tres-grand-froid